Depuis la Gay Pride cet été, il est impossible d’ouvrir un journal ou d’assister à une fête sans entendre le terme « neutralité du genre ». Les Pays-Bas ont engagé une discussion pour nommer les individus en utilisant le genre neutre. Les associations de LHBTI (Lesbiennes, Homosexuels, Bisexuels, Transgenres et Intersexués) ont expliqué que pour certaines personnes, il est difficile de s’entendre appeler Monsieur ou Madame, classant les individus de manière binaire.
Dans un premier temps, bien que tolérante et respectueuse de chaque humain quel qu’il soit, cette discussion m’a agacée. Le pays va tellement bien qu’il n’y a pas d’autres problèmes à régler ?
Peu à peu d’autres initiatives ont été lancées et cette controverse a commencé à m’intriguer tout en me laissant perplexe.
Tout d’abord, Amsterdam a décidé d’aller plus loin et a proposé de créer des toilettes mixtes ou neutres. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je trouve qu’il est gênant de croiser une personne de sexe opposé dans les WC. Mais bien sûr, je pense en binaire.
Puis, une chaîne de magasins a annoncé que les vêtements pour enfants ne seraient plus triés par sexe. Et là je me suis dit que ce débat était plus large que la simple neutralité. Il s‘agit également d’égalité entre hommes et femmes et de libre choix. Sur le papier, c’est une bonne idée. Dans la pratique, j’imagine les filles s’habiller en garçons, mais pas le contraire. Et la question que personne ne se pose est de savoir si on a encore un libre choix dans une société de consumérisme et de modes. Passons.
Quitte à opter pour la neutralité du genre au service de l’égalité, j’attends avec impatience un magasin de jouets sans rayon fille et sans rayon garçon. J’essaye d’éduquer nos enfants de la même manière. Ma sept-ans aime les robes de princesses et les pistolets à fléchettes, elle a des poupées et se bat avec les garçons. Dans l’autre sens, c’est plus compliqué. Inconsciemment il est acceptable d’être masculine, mais pas d’être féminin, même dans un pays ouvert et tolérant.
Aux Pays-Bas je remarque que les femmes apportent beaucoup d’importance aux valeurs masculines. Lorsqu’il lira mon article, mon cher et tendre va me dire que ces histoires de valeurs féminines et de valeurs ne veulent rien dire, que chaque individu est différent et à plusieurs types de compétences indépendamment de son sexe. Certes. L’utilisation du neutre et l’abolition du féminin et du masculin est-elle alors la solution ? Ou faut-il élargir le nuancier du genre ?
Ce que je veux dire, c’est qu’aux Pays-Bas, il faut être une battante, participer à des trails dans la boue, ne pas montrer ses faiblesses, être directe et factuelle, bref il faut être « stoer », traduire cool, dure.
Je dois admettre que les hommes néerlandais n’ont pas de problème à travailler à 80% pour s’occuper des enfants un jour par semaine. On appelle d’ailleurs cette journée le « Jour du Papa ». Mais j’ai dit 80% pas 60 !
Le pays va encore plus loin dans la neutralité, et à la fin de l’année, les administrations n’adresseront plus de courrier avec Monsieur ou Madame, mais simplement avec le prénom et le nom de famille. La mention du sexe n’est plus considérée comme pertinente.
Concernant l’égalité, je tiens à préciser qu’ici il est normal pour une femme de garder et d’utiliser son patronyme après un mariage. Vous allez me dire : en France aussi. Oui, mais non. Avez-vous essayé d’expliquer cela à la Sécurité Sociale ou au Consulat de France ? Malgré mes coups de fils et lettres aux différentes administrations françaises, je reçois toujours des courriers avec le nom de mon mari tandis que je suis attachée à mon patronyme et à l’héritage qu’il implique. Je ne suis pas devenue l’identité de mon époux. Quand les hommes pourront-ils enfin porter le nom de leur partenaire ?
Finalement, c’est vrai, les changements sociétaux passent par la sémantique car comme l’écrivait déjà Albert Camus en 1944, « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ». Mais en utilisant le neutre, ne va-t-on pas appauvrir notre société de ses différences et favoriser un genre plutôt que d’autres ?
L’hôtel de ville de Bois-Le-Duc
Pour répondre à votre interrogation « Quand les hommes pourront-ils enfin porter le nom de leur partenaire ? », c’est possible en France depuis la loi du 17 mai 2013 dite du « mariage pour tous ».
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