Dans l’imaginaire français, on trouve aux Pays-Bas un coffee shop à chaque coin de rue.
Lorsque l’on se promène dans Amsterdam, des effluves de chanvre nous assaillent les narines, mais les villes néerlandaises ne pullulent pas de coffee shop, la consommation de cannabis aux Pays-Bas est en moyenne deux fois moins importante qu’en France et le cannabis n’est pas légal.
La consommation de cannabis est régulée et dépénalisée. Nuance. Donc chacun peut avoir cinq grammes ou cinq plants pour sa consommation et les coffee shop peuvent vendre à des personnes majeures et à condition d’être à une certaine distance des écoles. Tout le reste est interdit.
Depuis la dépénalisation, les Pays-Bas attirent une certaine forme de tourisme. En tant que Français, on peut se faire aborder par des dealers qui proposent aussi d’autres stupéfiants. Cela nous est arrivé lorsque nous habitions encore en France et que nous roulions dans un break hors d’âge et immatriculé à Marseille. Lors d’un séjour aux Pays-Bas, et alors que nous nous étions arrêtés sur un parking pour que j’allaite notre bébé, deux jeunes hommes dans une voiture trop grosse pour eux, à moins qu’ils n’aient fait fortune dans Internet, sont venus nous aborder. Lorsqu’ils m’ont vu sur la banquette arrière, un bébé au sein, ils ont pris la fuite.
Au nord de Thionville, les douaniers français attendent les touristes de retour de shopping. Ainsi, lors de ce même séjour, nous avons été arrêtés à la frontière. « Contrôle d’identité ». « Ouvrez le coffre ». En découvrant un Tetris de doudous, baignoire, paquets de couches, poussette, transat et en entendant mon cher et tendre leur dire : « vous pouvez fouiller, mais après vous réorganisez le coffre », les douaniers nous ont répondu « circulez ».
Lorsque je travaillais encore en entreprise, nous avons reçu un jeune Français pour un entretien d’embauche. Il ne savait pas qu’une partie de la population néerlandaise considère les fumeurs de joints comme des drogués. Au terme du rendez-vous, il m’a demandé sans complexe où il pouvait trouver un coffee shop. Il devait penser comme beaucoup que je m’étais installée dans ce pays pour les pétards (lire aussi : …pour une Française). J’ai été incapable de lui répondre. Il n’a pas été embauché.
La dépénalisation de la consommation pose aussi le problème de la « porte de derrière » des coffee shop. D’où vient la drogue ? De réseaux criminels qui font pousser du cannabis dans des logements qu’ils mettent à sac, qu’ils surchauffent en volant l’électricité par le biais de compteurs bricolés. Souvent les propriétaires ne sont pas au courant des activités qui se déroulent dans leur petit pavillon au cœur d’un quartier résidentiel. Lorsque nous habitions à la Haye, un des appartements voisins était un lieu de production illégale. Lors d’une perquisition, nous avions découvert une chaine de pots de cette jolie plante exotique dans le couloir et dans l’ascenseur, jusqu’au camion des forces de l’ordre.
Les producteurs jettent ensuite les déchets (matières isolantes et autres) dans la nature. Les bandes organisées ont créé des réseaux de distribution et ne produisent pas seulement du cannabis, mais aussi des drogues synthétiques comme le MDMA. C’est un véritable fléau. A tel point qu’il y a quelques semaines, nous avons reçu un prospectus expliquant les risques de ces lieux de production pour la santé publique, demandant à chaque citoyen d’être vigilant et d’appeler la police en cas de soupçon.
Les Pays-Bas ont voté en 2017 une loi afin que le cannabis vendu puisse avoir une certification assurant la qualité de la production et ainsi instaurant un contrôle de la production. Une idée a ensuite été lancée d’appliquer la même politique de dépénalisation et de certification pour le MDMA, mais l’idée a fait un flop. Oui des laboratoires clandestins abondent aux Pays-Bas, oui les déchets sont jetés dans la nature, mais plus de 80% de la production est exportée. Pour le cannabis d’accord, mais pour le MDMA, cela allait trop loin.
Je suis curieuse de savoir comment la loi sur la certification de la production du cannabis va être mise en application.
Les communes pourraient être amenées à produire elles-mêmes du cannabis.
Vous imagineriez cela dans votre village ?
