Détox

Lundi, nous avons inauguré une journée sans écran.

L’ordinateur est mon outil de travail, mais il y a encore peu, je vérifiais sur mon téléphone les médias sociaux facilement 5 fois par heure, soit 80 fois par jour. Ce simple calcul m’a suffi. J’ai décidé de désactiver de nombreuses notifications, j’ai pris l’habitude de poser mon téléphone à plusieurs mètres de moi pendant que je travaille et je fais, le dimanche, une smartphone-détox. Pendant 24 heures, mon téléphone reste éteint.

En ce qui concerne mes enfants, leur consommation d’écran est en théorie limitée à 1h30 par jour. En théorie. Car ils veulent toujours finir de regarder l’épisode, terminer la partie, effectuer une sauvegarde. Bref dans la pratique, la limite n’est jamais respectée.

Nous avons donc décidé que le lundi serait une journée sans écran inutile, c’est-à-dire que tous les écrans seraient bannis à l’exception de mon ordinateur.

Lundi matin, j’ai caché la tablette et dès 7h, les négociations ont commencé. Mon dix ans voulait vérifier une petite chose sur Internet. « Non, lundi, pas d’écran ! ».

Il avait hâte d’être en classe pour travailler le vocabulaire sur l’ordinateur.

A notre arrivée à l’école, tous les enseignants et les élèves étaient rassemblés dans la cour pour une ouverture en musique de la semaine du livre pour enfants. Je n’étais pas au courant que les cours allaient être retardés par ces festivités et aux visages crispés des parents qui avaient des réunions à 9h00, j’ai compris que je n’étais pas la seule. Une rumeur a commencé à se faire entendre « ça a été annoncé dans l’application ». Dans un pays à l’heure du digital, l’école a une appli pour faciliter la communication avec les parents, ce qui en soit, est économique, rapide et efficace… si les parents ne se mettent pas à instaurer des journées sans écran suite à une smartphone-détox.

Je découvrais aussi qu’à la sortie de l’école, il y aurait un marché aux livres. Heureusement je n’avais pas raté le courriel envoyé le vendredi soir demandant de fabriquer une fleur en papier pour l’anniversaire de la maitresse, lundi matin.

A la sortie des classes, le gymnase s’est transformé en librairie. Je ne sais pas si ce type d’initiatives existe dans l’Hexagone, les coopérations écoles-entreprises privées étant souvent mal perçues par les français, mais j’ai aimé qu’une librairie présente des ouvrages dans un établissement scolaire, que 20% des ventes soient reversées à l’école pour l’achat de livres et que les enfants soient fous de joie au milieu des bouquins. Cerise sur le gâteau, un auteur présentait ses livres de pirates. J’ai attiré mon dix ans vers sa table. Ses yeux se sont éclairés lorsque l’auteur échevelé, bouc noir, iris océan lui a dessiné un drapeau de pirate sous son prénom en première page. J’ai appris ensuite que le pirate écrivain leur avait parlé le matin même d’attaque de navires et de culture de la peur, sabre et crâne humain à l’appui. C’était peut-être aussi annoncé dans l’application.

Cet après-midi-là, les mots tablette et console n’ont pas été prononcés. Mon dix ans s’est plongé immédiatement dans son livre de pirates, revenant régulièrement avec fierté à la première page dédicacée. J’ai discrètement vérifié mon téléphone et j’ai bien fait ; l’entrainement de foot du soir avait lieu sur un autre terrain.

Au coucher, mon dix ans m’a proposé un marché. J’ai cru qu’il allait négocier une répartition des heures d’écran manquées sur le reste de la semaine.

« Maman, si on passait d’une à deux journées par semaine sans écran ». Nous nous sommes tapés dans la main.

Je ne lui ai juste pas dit que ça ne s’appliquerait qu’aux enfants, car pour leur éviter de rater la prochaine sortie théâtre ou l’heure de rendez-vous du prochain match de foot, j’allais devoir continuer à consulter mon téléphone pendant la semaine et que pour moi, seul le dimanche pourrait être une journée sans écran.

detox_od

2 réflexions sur “Détox

  1. L’idée du e journée sans écran me plaît bien. Il faudrait que l’on essaye.
    Ici c’est l’info detox depuis pas loin d’un an. Auparavant accro à l’info (iTele dès le reveil) j’ai arrêté, c’est beaucoup trop anxiogène en ce moment. Les militaires en armes dans les rue et devant l’école suffisent à nous rappeler le contexte actuel.

    J’aime

  2. Très bonne idée d’instaurer cette journée, mais pas facile quand les devoirs et les notes sont sur application pour le collège… Et je ne te parle pas de l’ado de 14 ans qui a « besoin » de se détendre en jouant à Call of duty ou FiFa après une dure journée de labeur 😉
    Les journées détox existent déjà à la maison mais ce sont des journées punitions… vachement moins pédagogique !
    En revanche, la 10 ans comme tu dis n’a la droit à son Ipod que le mercredi et le weekend.
    C’est moi qui devrais m’y mettre, je joue tous les soirs à Farm Heroes, quand j’y pense, rien que de le dire, j’ai honte !!!

    Chez nous il existe l’association « Lire c’est partir » qui propose chaque année des ventes de livres dans l’école (ils éditent des petits livres à moins de 1€ et laissent les parents d’élèves gérer la vente). C’est super, ça permet à tout le monde d’avoir accès aux livres. Ce qui n’est pas toujours évident et même pas toujours une question de moyens…

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s