Aux Pays-Bas, il est habituel de voir à la sortie des supermarchés des barrières derrière lesquelles des hordes d’enfants haranguent les adultes pour obtenir les pièces d’un jeu vidéo, les figurines du dernier film américain ou les autocollants de leur club de foot favori.
Dans un pays de surconsommation maladive, la guerre marketing se joue, entre autres, dans les supermarchés. Les actions promotionnelles se suivent. Il en existe deux grandes catégories.
Pour 10 à 15 euros d’achat, le client reçoit un timbre qu’il colle sur une carte. Lorsque la carte est pleine, il a des réductions pour l’entrée dans un parc d’attraction, à la piscine, à la patinoire, ou il peut choisir des cadeaux. Ces actions ciblent les adultes. Soit.
La deuxième catégorie d’actions consiste à offrir un petit cadeau pour chaque tranche de 15 euros d’achat. Ces petits cadeaux font partie d’une série et l’objectif est d’avoir une série complète. Mon problème est que ce type d’actions cible les enfants. Ces petits gadgets, souvent en plastique, dans un emballage non recyclable, s’échangent ensuite à la récréation.
En tant que parent, j’essaye de lutter. J’explique l’impact négatif sur l’environnement, l’importance de ne pas adapter notre comportement d’achat à ces actions marketing, la nécessité de rester libre et je leur interdis d’aller faire la manche à la sortie des supermarchés. Mais j’avoue : à la caisse lorsque l’on me propose ces « cadeaux », je les accepte, pour finalement les mettre discrètement à la poubelle après quelques mois. J’ai honte.
J’essaye d’apprendre à nos enfants à résister aux sirènes du marketing en donnant l’exemple, malgré la propagande des marques et la pression sociale de la sortie de l’école, véritable défilé de mode où la néerlandaise parade chaque saison dans un nouvel uniforme. Je boycotte de plus en plus les grandes chaines de magasins spécialistes du fast fashion, dans lesquelles de nouveaux produits arrivent toutes les semaines et sont bons pour nettoyer les vitres après quelques lavages.
Il y a environ cinq moins de cela, je suis entrée en résistance contre la surconsommation en prenant trois résolutions :
1- Je me suis désinscrite de toutes les publicités et lettres d’information électroniques.
2- J’ai essayé de ne plus m’acheter de vêtements pendant une année.
3- J’ai accepté le challenge minimaliste qui consiste à se séparer de trente objets par mois pendant un an.
Qu’en est-il aujourd’hui de mes résolutions ?
La première est la plus simple, j’évite les tentations et ma boite email respire. Bien.
La deuxième est la plus difficile car la confection aujourd’hui, quels que soient les prix et les marques, est de piètre qualité. Je crois qu’il est question ici, comme dans de nombreux secteurs, d’obsolescence programmée. En conséquence, les vêtements se détériorent extrêmement vite. Au terme de 4 mois et demi, j’ai craqué. J’ai jeté deux jeans troués et je suis partie m’acheter un jeans bleu foncé. Je suis revenue avec un seul et unique jeans. Je n’ai pas succombé aux charmes d’adorables accessoires dont je me serais lassée dans quelques mois. Le solde est négatif dans mon placard. Parfait.
La troisième me convient à merveille car il ne s’agit pas de faire de la place pour du nouveau, mais de se débarrasser du superflu. Je ne me sépare pas de trente objets par mois mais l’idée et la prise de conscience sont là quant à l’utilité de biens et la nécessité d’achat.
Je sais qu’en quatrième résolution, je devrais refuser les actions promotionnelles. La dernière en date consistait en une série de petits pots avec des graines pour un potager. Les radis, carottes, basilic doivent apprendre aux enfants d’où vient leur nourriture.
L’idée est sympathique mais elle est l’initiative d’un supermarché qui propose un service de livraisons illimitées des courses à domicile. D’un côté, on se fait passer pour écoresponsable en manipulant les acheteurs par le biais de leur point faible, leurs enfants, et de l’autre, on néglige l’impact environnemental du modèle économique de service de livraisons illimitées.
En attendant d’avoir le courage de dire « non » lors de mes prochains passages en caisse, ma quatrième résolution va être d’expliquer aux enfants la notion d’écoblanchiment.
« L’écoblanchiment, ou verdissage, ou greenwashing, = expression désignant un procédé de marketing utilisé dans le but de se donner une image écologique responsable. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur de l’environnement. » Source: Wikipédia