Génération climat

« Pendant mes vacances en Italie, tandis que j’étais au pied d’un volcan, j’ai eu l’idée de recycler les métaux et les minéraux rares dans un système circulaire de combustion afin de cesser de puiser dans nos réserves naturelles et d’arrêter de faire porter l’impact écologique de la gestion de nos déchets aux pays africains et asiatiques»

J’ai devant moi Dirk, un jeune homme néerlandais de 20 ans, étudiant en quatrième année d’Ingénierie chimique. Il nous explique comment, avec d’autres étudiants, ils ont créé une structure avec des partenaires commerciaux pour créer des prototypes afin de pouvoir mettre en œuvre leur découverte et ainsi rendre le monde un peu meilleur. Ces activités sont à côté de leurs études bien sûr.

Je suis à l’Innovation Space de l’Université Technologique d’Eindhoven. Je suis impressionnée par ces jeunes qui ont conscience qu’ils sont la dernière génération à pouvoir faire la différence et qui utilisent leurs connaissances pour travailler entre autres au recyclage des déchets et à une meilleure gestion de l’énergie.

Floor nous explique ensuite comment stocker de l’énergie créée par des panneaux solaires ou des éoliennes en utilisant la poudre de métal et la rouille. Elle ajoute qu’un prototype est testé par une grande marque de bière pour l’énergie utilisée dans une brasserie et que bientôt leur innovation sera testée sur un porte-conteneurs.

Ces étudiants ne s’enferment pas dans leur monde de recherche, d’écriture universitaire et de dépôt de brevets, ils se confrontent au monde avec leurs idées et travaillent en partenariat avec le secteur public et avec les entreprises.

En écrivant cela j’entends déjà les huées des Français. Je touche la question sensible de la collaboration des universités avec les entreprises. J’entends : conflits d’intérêt. J’entends : théorie de complots. J’entends : c’est le Grand Méchant Loup qui va manger la grand-mère et le Petit Chaperon Rouge.

Aux Pays-Bas, ils ont compris que l’on ne peut pas toujours attendre de l’Etat qu’il subventionne tout et creuse encore plus la dette publique. Les étudiants vont chercher les ressources là où elles sont : dans les entreprises. Ces entreprises soutiennent financièrement les initiatives mais apportent également un encadrement professionnel car elles savent traduire des idées en innovation, c’est-à-dire en produit prêt à rencontrer des utilisateurs. En effet c’est bien d’avoir des idées, mais des idées dans un tiroir ne vont pas changer le monde, ne vont pas ralentir le réchauffement climatique, ne vont pas recycler les déchets. Les entreprises coachent également les étudiants en leur apprenant à créer une entreprise, faire de la gestion de projet, vendre leurs idées avec de la communication et du marketing.

Et les initiatives des étudiants ne sont finalement pas toujours dévorées par le Grand Méchant Loup. Des étudiants ont créé une voiture familiale solaire autonome. Après avoir reçu prix de l’innovation après prix de l’innovation, ils se sont dit qu’ils n’allaient pas s’embêter à aller travailler pour d’autres, mais qu’ils allaient créer leur propre entreprise, installée aux Pays-Bas. Ils recrutent si ça vous intéresse : leur carnet de commandes explose.

En France, on a peur du changement car c’était mieux avant. Mais quelle est la définition de l’avant ?  Lorsque l’on est devenu trop nombreux pour ce que peut supporter notre planète ? Au XIXème, lors de la révolution industrielle ? Au XVIIIème lorsqu’Adam Smith a introduit le concept de la division du travail ? Au Paléolithique, lorsque l’homme a commencé à domestiquer les animaux ? La machine à remonter le temps n’a elle pas encore été découverte et il va bien falloir qu’après avoir été créatifs pour détruire notre planète, nous soyons innovateurs pour trouver des solutions.

Je ne vous cache pas que je me verrais bien vivre dans une cabane au fond des bois, mais est-ce possible aujourd’hui à grande échelle, 7,5 milliards d’humains dans les bois?

Alors lorsque j’ai rencontré ces jeunes que l’on ne croit que capable d’être absorbés par des écrans, je me suis rendu compte que cette génération est consciente des problèmes et des enjeux écologiques et qu’il va peut-être bien falloir que nous « les vieux » nous ayons confiance en leur intelligence, leur débrouillardise et leur énergie, car finalement c’est de leur avenir qu’il s’agit.

Biographie et contact

7 réflexions sur “Génération climat

  1. Merci encore pour ces pensées…je n’ai pas résisté à l’envie de partager l’article « Génération Climat » à mon réseau…Savoir – Faire – Confiance

    Aimé par 1 personne

  2. J’aime cet article qui remet les pendules à l’heure. C’est bien de promouvoir d’autres idées et que les entreprises aident ces jeunes à les concrétiser.
    En France les gens critiquent le présent et regardent le passé, mais le passé on ne peut pas le changer. L’avenir c est devant pour nos enfants…que va-t-on leur laisser?

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  3. En effet: l’Université de Technologie d’Eindhoven est depuis plusieures années en tête du classement dans la catégorie « Collaboration dans la recherchche entre université et industrie (locale) » On a Brainport, n’oublions! Fier d’y travailler depuis 35 ans 🙂

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