D’après un rapport du World Economic Forum, les Pays-Bas sont passés en dix ans de la seizième à la trente-deuxième place en ce qui concerne l’égalité entre hommes et femmes. La France est quant à elle à la onzième place. Les Françaises seraient donc plus émancipées que les Néerlandaises.
Nous vivons dans une société où tout doit être mesuré, chiffré et sans vouloir dénigrer cette étude du WEF, le manque de nuances m’agace.
Je n’ai pas pu m’empêcher de télécharger ce rapport et de plonger mon nez dans le mode de calcul de l’indicateur. Je vous épargne les détails mais l’une des principales différences réside dans le salaire moyen par genre.
Le salaire moyen des femmes néerlandaises est inférieur à celui des Françaises qui est inférieur à celui des hommes. Il faut savoir qu’ici 75% des femmes qui travaillent sont à temps partiel. Il en résulte que leur salaire moyen est inférieur à celui d’un temps plein, forcément.
Etudiante, je criais haut et fort que toute ma vie, je continuerai à travailler à plein temps. Ma mère travaillait. Ma grand-mère travaillait. Toutes les deux portaient la culotte. Puis je suis devenue mère et j’ai alors voulu rester cadre mais à 60%.
J’entends les petits rires sardoniques français. Dans l’Hexagone, lorsque l’on est cadre soit on est à plein temps, soit on arrête de travailler. Dans un cas comme dans l’autre, on est bancales.
La possibilité de travailler à mi-temps est la raison principale pour laquelle nous sommes rentrés aux Pays-Bas.
Depuis, en observant mes consœurs, je me demande si le mi-temps féminin est pour toutes un choix véritable. Je m’explique.
Aux Pays-Bas, comme je vous en parlais dans mon article « Lundi blues », la population pratique la thérapie occupationnelle de groupe : il faut être bénévole à la bibliothèque, être arbitre des matchs de hockey, préparer des surprises pour l’école, accompagner les sorties. Toutes les économies réalisées par l’Etat sur l’enseignement, la subvention des clubs de sport et des garderies ont une implication sur la participation des femmes sur le marché du travail. Si ses dernières se soumettent à la forte pression sociale, le mi-temps peut devenir une nécessité.
De plus, si l’homme a un bon poste, l’entourage ne comprend pas qu’une femme veuille elle-même être reconnue pour ses accomplissements et ne pas se complaire dans le rôle de plante verte, décorative et entretenue. N’oublions pas qu’il y a 50 ans encore, aux Pays-Bas, une femme devait quitter son emploi lorsqu’elle se mariait.
Mais le mi-temps peut être salutaire. Il permet d’être présente pour ses enfants et de les élever sans sentiment de culpabilité, et il est toujours possible après quelques années de s’engager à nouveau pour plus d’heures dans la vie active. Il n’est pas besoin de s’accrocher à un emploi et d’en accepter toutes les conditions car le taux de chômage est bas. Les femmes néerlandaises ont donc plus le choix que les Françaises et cette liberté n’est pas mesurée par l’indicateur.
Au-delà des résultats de cette étude du WEF qui est malheureusement nécessaire car les inégalités restent un fait, je regrette l’utilisation de l’argent et de la position sociale comme uniques indicateurs de « réussite ».
Faut-il se faire concurrence au sein d’un couple pour savoir qui va gagner le plus ? Finalement cette manière de penser alimente encore plus la masculinité de la société dans laquelle il faut toujours être compétitif et penser de manière individuelle plutôt que collective.
Je suis la première à refuser d’être dépendante et à ressentir le devoir de montrer l’exemple à ma fille et à mon fils en étant active. Je suis juste un peu fatiguée d’entendre parler sur les femmes et non avec les femmes, et de ne pas voir les hommes plus se prononcer et agir sans condescendance pour plus d’égalité.
J’aimerais aussi que l’on s’interroge sur le bien-être, l’accomplissement et le bonheur des enfants, des femmes et des hommes en indicateurs pas seulement financiers mais aussi qualitatifs. J’ai fait le choix de travailler à mi-temps et de percevoir moins de salaire, mais comme je ne me soumets pas (trop) à la pression sociale, j’ai à ma disposition une chose rare : du temps. Ce temps qui n’a pas de prix n’apparaît dans aucune statistique.
Et aux Pays-Bas (contrairement en france), travailler à temps partiel n’est pas faire une croix sur sa carrière. Je recrute pas mal ces derniers temps, des postes de directeurs via des chasseurs, et tous me posent naturellement la question de la possibilité du temps partiel, ce qui signifie que ta valeur n’est pas moindre sur le marché du travail si tu as une autre organisation de ton temps.
Et je vous aussi bcp de jeunes hommes à temps partiel afin que leur femme ne doit pas la seule à assumer ces tâches plus domestiques, beaucoup plus qu’en france…
Donc je nuancerais bcp le fait que la france est « mieux placée » que les Pays-Bas en la matière !
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Merci pour ce commentaire et cette nuance supplémentaire. J’ai mis 2 jours à écrire un article que j’écris d’ordinaire en 2 heures, tellement le sujet est délicat. Je me suis également fixée la règle de 700 mots et tout en retravaillant encore et encore l’article, je me suis rendu compte que 700 mots, 1400 mots ou 2100 mots n’étaient pas suffisants. Alors un indicateur quantitatif…
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