Deuxième vague

Depuis le début de l’automne, les Pays-Bas sont entrés dans la deuxième vague de l’épidémie de Sars-CoV-2. Aux vues des chiffres, je serais d’avis de nous confiner tous, tout de suite, pendant un mois. Mais non, aux Pays-Bas, il faut faire des compromis. L’économie est dans la balance face à la santé publique. Alors, comme début mars, les mesures changent au fil des jours et sont encore souvent soumises à interprétation, ce qui résulte en un beau bazar.

Depuis l’été, les règles de base consistent à s’isoler en cas de symptômes, même un simple nez qui coule, et à garder des distances sociales d’un mètre cinquante à l’intérieur et à l’extérieur, le port du masque n’étant obligatoire que dans les transports en commun.

Ainsi, au moindre rhume, il faut rester chez soi, remplacer la réunion exceptionnellement prévue au bureau par une téléconférence, annuler l’entrainement à la salle de sport, le restaurant et le dentiste. Pour toutes ces activités, il faut répondre à un questionnaire de santé, déclarer qu’aucune personne de votre famille n’a de symptômes et laisser vos coordonnées pour une éventuelle future recherche de cas contact.

Donc, comme il y a au moins cinq jours entre la prise d’un rendez-vous pour un test de Corona et les résultats, au moindre rhume attrapé pendant le week-end, vous savez que toute la famille sera en quasi-quarantaine pour la semaine.

L’autre mesure est le devoir de respect d’une distance sociale d’un mètre cinquante, même dans le cadre privé, avec toute personne ne vivant pas sous le même toit, au risque de vous voir verbaliser. L’amende s’élevait à 390€ par contrevenant et était inscrite au casier judiciaire.

Jusqu’à peu. Jusqu’au mariage du Ministre de la justice à l’origine de cette loi. Pendant l’événement, avant même que le marié n’ait le temps de réagir, sa belle-mère se pendait à son bras. Ce qui est interdit. Manque de chance, un photographe caché dans les buissons a immortalisé l’instant. Le ministre a presque dû démissionner et s’en est sorti avec une amende de 390€ et un casier.

Cet incident a mis en lumière la difficulté du respect de cette loi et finalement le gouvernement a décidé d’annuler l’inscription au casier judiciaire et l’amende est passée à 90€.

Lundi soir de nouvelles mesures ont été annoncées. Le télétravail est à nouveau obligatoire. Les restaurants ferment à 22 heures et les événements sportifs professionnels et amateurs ont lieu sans public. Se pose alors la question : quand on conduit son enfant au match de foot, on est quoi ? Alors, si on joue à domicile, on est spectateur donc interdit, si on joue en extérieur, on est chauffeur, donc autorisé. Nous allons donc favoriser le co-voiturage. Ah non mais attendez, on n’a plus le droit non plus d’être à plus de quatre personnes de plus de treize ans dans un espace clos et il faut garder une distance sociale. On fait comment ?

On porte un masque.

C’est nouveau.

Ça date de mercredi. Depuis des mois, le gouvernement répète que cela ne sert à rien, sauf dans  les transports en commun car on ne peut pas aérer et garder une distance sociale. Mais c’était avant, quand il y avait une pénurie de masques. Maintenant qu’il y a assez de masques, soudainement, ces derniers s’avèrent efficaces.

Et demain, quelle sera la prochaine annonce ? La fermeture des établissements d’enseignement secondaire ? Ce serait plutôt une bonne idée. Depuis la rentrée, les collégiens doivent avoir classe dans les courants d’air. Avec le retour de températures autour des 15 degrés, lundi, notre ado, trempé par une demi-heure de vélo sous la pluie (souvenez-vous, il n’y pas de ramassage scolaire aux Pays-Bas – Lire: F59), nous suppliait de le laisser rentrer à la maison car il devenait bleu. On a accepté. Je vous passe les détails du drame pour faire retourner notre schtroumf à l’école le jour suivant. Il a raison : nous on travaille à la maison, au chaud, sans risque de contamination et lui, il est dans les courants d’air, prêt pour un rhume, un nouveau test de Corona et une nouvelle semaine de quarantaine, alors que les leçons en ligne se passent bien.

Les temps à venir vont être ubuesques.

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