« Cherche Hôte ou Hôtesse d’accueil.
Vous êtes accueillant et aimez la convivialité ?
Vous êtes disponible pendant le week-end ?
C’est vous que nous cherchons. »
Voici ce qu’annonce le prospectus trouvé sur mon paillasson ce matin et distribué par le club de foot de mon village. L’association précise qu’ils cherchent de bénévoles et l’illustration d’un couple aux cheveux gris lève toute ambiguïté quant à leur cible.
Avec mon regard français, je suis frappée par la quantité de personnes qui font du bénévolat aux Pays-Bas. Cela concerne de nombreux secteurs et toutes les tranches d’âge. Les Néerlandais n’attendent pas d’autorisation lorsqu’ils identifient un besoin. Ils ne se placent pas en victimes du système mais comme toujours, ils relèvent leurs manches et entreprennent de l’action. Ils sont un peuple de faiseurs.
Par exemple, avec l’ouverture du grand hôpital de la ville, des citoyens ont constaté que le bâtiment est un labyrinthe et que la distance entre le parking et l’entrée est importante pour des jambes âgées. Des bénévoles se sont organisés et proposent aujourd’hui un accueil, des personnes qui accompagnent les patients dans leur service et une navette électrique entre le parking et l’entrée. Ce bénévolat rend heureux. Je l’ai constaté lors d’une visite récente à l’hôpital. J’ai été discuter avec une des bénévoles pour lui demander ses motivations. Elle m’a expliqué qu’elle est à la retraite et qu’elle n’a pas envie de vivre enfermée chez elle. Alors une fois par semaine, elle est présente à l’hôpital. Elle me précise qu’elle en tire beaucoup de reconnaissance et de satisfaction personnelle. Je n’hésite pas à la croire, car au-delà des mots, j’ai alors devant moi une Mamie qui rayonne.
Mais le bénévolat ne concerne pas que les retraités. Une association recherche des accompagnants pour aller à la piscine avec des personnes handicapées mentales, une autre pour accompagner des personnes âgées dans de courtes promenades dans la nature puis pour boire un café avec elles. L’école demande aux parents d’animer des ateliers, ainsi les enfants peuvent prendre des cours de théâtre, apprendre à monter une entreprise, améliorer leur communication en fonction des talents dont disposent les parents. Dans ce cadre, j’anime des ateliers d’écriture. Et c’est vrai que j’ai plaisir à voir les enfants plongés dans la création de leurs textes ou à découvrir leur fierté à la lecture de leurs haïkus.
De même, dans un quartier populaire de la ville, trois Papas ont fait le constat autour d’une bière qu’il n’y avait pas d’activités pour les enfants. Alors ils ont donné leur temps et leur énergie pour palier à ce manque. Trois ans plus tard, ils vont enfin officialiser leur statut et ainsi pouvoir demander des financements. Mais ils n’ont pas attendu, ils ont foncé avec comme leitmotiv : « Qui travaille avec les enfants construit l’avenir ».
Les clubs de sport aux Pays-Bas reposent sur les bénévoles. Au hockey sur gazon par exemple, ma huit ans est entraînée par des petites de treize ou quatorze ans. Lorsqu’à la fin de la saison, nous, les parents, leur avons offert des entrées pour un parc d’attraction, elles étaient réellement surprises et heureuses car elles ne le faisaient pas pour une récompense matérielle.
L’année dernière, la bibliothèque de l’école a menacé de fermer. L’idée est alors venue de mettre à contribution les « grands ». Mon douze ans (qui à l’époque n’avait que onze ans) a rempli un formulaire de recrutement où il a présenté ses qualités, ses motivations et répondu à des questions comme « Que fais-tu si un petite-section de maternelle veut emprunter le dernier tome d’Harry Potter ? ». Il a ensuite eu un entretien d’embauche et a obtenu un poste de bibliothécaire bénévole. Pendant un an, une heure et demi tous les mercredis, il a conseillé les autres enfants, a géré les emprunts et les retours, a décoré les tables thématiques et a réorganisé les rayons. Grâce à l’aide des élèves, la bibliothèque est restée ouverte et les jeunes bénévoles ont pu acquérir une expérience avec des responsabilités et de l’autonomie. C’était gagnant- gagnant.
Par cette omniprésence du bénévolat, les Néerlandais font à nouveau preuve de leur sentiment de responsabilité individuelle pour un meilleur vivre ensemble. (Lire aussi : Soupe de lentilles)
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